De loin on pourrait les prendre pour un joyeux groupe de touristes profitant du printemps à Montréal. A ne pas s'y méprendre ! Cette troupe de Français parcourant la ville d'un bout à l'autre est venue avec une mission bien précise : conquérir le marché nord-américain du sport connecté, avec le Québec pour point d'ancrage.
Tous sont des startupers lauréats d'un programme porté par le réseau d'accompagnement Katapult, la BPI (Banque publique d'investissement) et plusieurs autres partenaires à l'instar de l'association la Mêlée qui anime le secteur du numérique en Occitanie. Du 3 au 9 juin 2019, ils participent à ce que l'on appelle dans le jargon "un design sprint", soit une série de rencontres, formations et coaching afin de s'assurer que leur développement international devienne un élément de croissance.
"En Amérique du Nord, le marché du sport atteint les 75 milliards de dollars, avance Elsa Bruyère, cofondatrice de Katapult. Aux Etats-Unis comme au Canada, ce milieu est davantage perçu comme un secteur entrepreneurial, à l'inverse de l'Europe où l'on réserve souvent le côté commercial aux équipes de football les plus connues". L'exercice physique n'a pas échappé à la numérisation puisque les entreprises du digital ont massivement introduit la gestion de données dans l'effort des sportifs, qu'ils soient professionnels ou amateurs. Les programmes ou objets connectés pour mesurer les performances ne manquent pas outre-Atlantique mais restent encore peu connus du grand public dans l'Hexagone.
Face à ce constat, Katapult et la BPI ont lancé un appel à candidatures en début d'année, afin de permettre aux start-up intéressées d'entrer en relation avec des acteurs majeurs dans les domaines du sport connecté, de la santé et du bien-être à Montréal. Objectif : les aider à saisir les premières opportunités sur ce marché. Pour choisir les heureux élus, le jury, composé d'experts du domaine, s'est basé sur cinq critères : le caractère innovant de la start-up, la solidité de son équipe, la clarté de son objectif international, la maturité et l'originalité de son projet. Six jeunes pousses ont été sélectionnées en mai : Alter Ego Digital, BfanSport, Clim8, Custom Coaching, Move Your Buddy et Tibtop.
Une réelle opportunité pour ces entrepreneurs qui manquent souvent de contact sur place pour pénétrer le marché nord-américain. Ainsi Bakary Kamara, fondateur des protège-tibias connectés TibTop, mise sur un volume de joueurs et donc de clients, plus élevé qu'il n'y parait. Le ballon rond compte plus de 860 000 licenciés au Canada pour une population de 35 millions d'habitants et plus de 4 millions aux Etats-Unis, soit le double de la France. "L'objectif est clairement d'entrer en contact avec les clubs sur place, explique Bakary. Les deux pays comptent de nombreuses académies à qui nous pourrions proposer des offres collectives pour suivre les performances de l'équipe entière".
Autre domaine porteur, les vêtements thermiques qui maintiennent au chaud, particulièrement intéressant dans un pays où une température de -20° en hiver est considérée comme banale. A la tête de Clim8, Florian Miguet a déjà signé des partenariats avec deux marques américaines pour proposer ses tenues à la vente en Amérique du Nord. "C'est dans cette perspective que nous avons candidaté au programme, pour renforcer notre présence sur le continent. Les Canadiens comme les Américains sont assez friands des nouvelles technologies et constituent une population à fort pouvoir d'achat" indique le dirigeant.
Autre avantage pour ces start-up : certains de leurs clients, des grands groupes français, sont déjà installés dans la Belle Province. Parmi les sélectionnés, Alter Ego propose des programmes sportifs personnalisés, alliés à une application mobile, afin d'aider les salariés à se sentir mieux au travail par le biais du sport. L'outil permet notamment de prévenir des complications de santé. "Le but d'un développement au Québec est aussi de montrer que l'on peut accompagner nos clients dans un autre pays, avec une culture différente" précise, Nicolas Barbier, dirigeant d'Alter Ego.
En effet, la langue commune avec le Québec ne doit pas faire illusion et les codes du pays, notamment dans les relations commerciales, se rapprochent bien plus de ceux des Etats-Unis. Les six entrepreneurs ont ainsi fort à apprendre sur le discours à tenir pour promouvoir leur projet. "Les Français ont d'excellentes compétences académiques mais ont encore des lacunes dans leur manière de pitcher, explique Evelyne ScutoGaillard, directrice du développement et support innovation à la BPI. Lorsque l'on écoute les Américains, on a l'impression que leur produit va révolutionner le monde !"
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